Lectures...

Des lectures d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs, et celles de demain qui n'ont pas encore été traduites :)


mercredi 17 février 2016

Les aventures de Tom Bombadil, J.R.R. Tolkien

Publication: 2011
Edition: Pocket bilingue

L'histoire et mon avis (impossible de résumer ce roman): Les Aventures de Tom Bombadil est un recueil de poèmes dans le prolongement de Bilbo le Hobbit. Tolkien, linguiste à l'imagination débordante, rend accessible à ceux qui ne veulent pas lire Le Seigneur des Anneaux les contes de la Terre du Milieu, avec au programme des elfes, des trolls boulangers et des péripéties de hobbits. Tom décide de raconter tout ce qu'il voit en chanson, et le rythme (dû au nombre de pieds) change à chaque nouveau poème.


Pocket a publié ce recueil dans les deux langues, ce qui est une bonne chose pour deux raisons:
- les fans de Tolkien peuvent découvrir ces aventures qui ne sont pas les plus connues de la Terre du Milieu;
- les amateurs de poésie et les puristes de Tolkien peuvent apprécier le texte original, qui est parfois bien loin de la traduction.
J'ai personnellement lu les deux versions, car bien qu'étant anglophone, Tolkien utilise des mots qui ne sont plus dans la langue courante depuis... well, depuis bien longtemps! Et le style est vraiment chantant, tant au niveau des rimes que des allitérations, qui donnent envie dès le début de suivre Tom dans ses aventures.

Recueil que je conseille surtout aux fans de Tolkien, d'autres lecteurs pourraient s'ennuyer malheureusement...

lundi 15 février 2016

Black Boy, Richard Wright

Publication: 1945 pour l'édition originale
Edition: Gallimard (1974)

L'histoire: Richard Wright est un enfant noir-américain, né dans le sud des Etats-Unis. Responsabilisé très tôt, il s'occupe de sa grand-mère malade, de son petit frère, puis de sa mère qui tombe malade à son tour. Le père est parti quand il était petit, et sa mère se tue à la tâche pour subvenir au mieux aux besoins de ses enfants. Richard doit l'aider, et part en quête de petits boulots: il boit de l'alcool dans les bars alors qu'il est enfant pour faire rire les messieurs blancs, devient distributeur de journaux pendant ses études, manipule des machines dangereuses dans une scierie... Le tout alors qu'il est un des élèves les plus prometteurs de sa classe et pourrait devenir professeur. Cependant, ce qu'on lui demande n'est pas en accord avec ses convictions, donc Richard, adulte, décide de partir pour le Nord des Etats-Unis, direction Chicago.


Mon avis: C'est un récit autobiographique que j'ai dévoré. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre avec ce roman, mais je n'ai pas pu le lâcher. Le style est fluide, assez enfantin au début, l'auteur se remettant peut-être dans sa peau d'enfant. Malgré tout ce qu'à vécu Richard Wright ( le départ de son père, la maladie de sa mère...), ce n'est pas un récit larmoyant, mais alors pas du tout. L'auteur reste finalement assez factuel, racontant ce qu'il faisait pour ramener de l'argent à la maison ou pour être accepté dans les rues de Jackson, Mississipi. Même si on ne tombe pas dans le pathos, il est intéressant de voir comment un "petit black" devait se débrouiller pour que les autres garçons arrêtent de le frapper et de lui piquer l'argent des courses.

Il est plus courant de lire des romans sur la ségrégation pendant les années 50'-60', soit juste avant le discours de Martin Luther King. Là, dans Black Boy, on est près de vingt ans avant ce discours, et la communauté noire-américaine est loin de se douter de ce qu'il va arriver. Au contraire, on a en face de nous des individus résignés, habitués à la façon dont ils sont traités. Il y a un passage du roman où Richard doit rentrer en ville mais le pneu de son vélo est crevé. Des blancs lui proposent de s'accrocher à leur voiture pour le ramener, mais lui jettent une bouteille de whisky vide au visage et lui ordonnent de les appeler "Sir", par respect. Richard obéit, comme si c'était naturel, même si son état d'esprit évolue au fil des pages.

Néanmoins, tous les blancs n'étaient pas tous les mêmes (heureusement d'ailleurs). Il y a une relation patron-employé avec l'un des protagonistes, qui fait faire une carte de bibliothèque au nom de sa femme, donne la sienne à Richard, et cela permet à Richard d'emprunter des livres à la bibliothèque sous le nom de son patron, les noirs-américains n'ayant pas le droit de lire. Quand on lit ce genre de choses en 2016, ça fait bizarre...



Il me reste juste à lire la suite de l'autobiographie de cet auteur pour apprendre ce qu'il dit du Civil Rights Movement!

mercredi 10 février 2016

Career of Evil, Robert Galbraith

Publication: octobre 2015
Edition: Sphere
Rappel: Robert Galbraith est le pseudonyme utilisé par J. K. Rowling

L'histoire: Cormoran Strike et Robin Ellacot ont une nouvelle enquête à mener. Le duo, déjà habitué aux meurtres et autres démembrements après l'affaire Lula Landry et celle de l'écrivain Owen Quine, doit s'atteler à retrouver un nouveau meurtrier. Seulement, cette fois-ci, Robin est visée personnellement. Par un beau matin, elle reçoit une jambe dans un colis. Cormoran la sent en danger, et lui demande de prendre des vacances le temps que l'affaire se tasse, pour pouvoir ainsi préparer son mariage avec Matthew à tête reposée. Entêtée, par peur de perdre son travail et désireuse de connaître la vérité ( et la personne qui la traque...), Robin décide de mener sa propre enquête, à ses risques et périls...



Mon avis: Autant j'avais émis quelques réserves sur L'Appel du Coucou (http://leslecturesdepouti.blogspot.fr/2015/01/lappel-du-coucou-robert-galbraith.html)  et Le Ver à Soie( http://leslecturesdepouti.blogspot.fr/2015/01/le-ver-soie-robert-galbraith.html), pourtant fan de J.K. Rowling depuis une quinzaine d'années autant là, je n'ai quasiment pas pu décrocher de ma lecture!
Ce qui m'a plu, c'est que dès le départ, Robin est au centre de l'histoire. Le premier chapitre est en focalisation interne: on est dans la tête du tueur, qui observe l'associée de Strike. Le chapitre suivant, Robin reçoit le colis qui va être au coeur de l'enquête: à qui appartient cette jambe? Est-ce le fait d'un meurtrier ou bien une adolescente perdue s'est-elle mutilée? S'agit-il d'un fou qui aime dépecer ses victimes, ou qui tue au hasard? Plein de questions auquelles il va falloir répondre. Cette enquête nous plonge dans un univers peu connu, celui des personnes qui ne se sentent pas bien dans leur corps et qui, par conséquent, aimeraient être en fauteuil roulant ou avec un bras en moins, par exemple (jalouse de Strike, amputé de la jambe, par conséquent). Il y a donc pas mal de termes techniques à retenir...
On se retrouve aussi plongé, en tant que lecteur, dans le passé de Strike, les aventures sulfureuses de sa mère, ses relations avec ses frères et soeurs, ses amis de l'armée, bref, on commence à connaître le personnage en profondeur.
On découvre aussi plus Robin. Elle, assez discrète dans les deux premiers tomes, bien qu'ayant un rôle important, devient vraiment un élément central de l'intrigue. On comprend son côté réservé suite à ce qu'elle a subit à la fac; on commence à connaître l'adolescente fan des Destiny's child qu'elle était; on est dans ses pensées, au courant de tout quant à sa relation avec Matthew.
Ce que j'avais aimé dans Le ver à Soie, c'était toute cette ambiguïté autour de la relation Robin/Cormoran. Dans Career of Evil, le fil narratif est aussi la préparation du mariage. J'avoue que pendant ma lecture, je faisais toujours le souhait que Robin plaque Matthew et se barre avec Cormoran, clairement. Il est solide, protecteur, il a un côté réconfortant, c'est l'homme qu'il lui faudrait! Ma foi...

Difficile de dire tout ce que j'ai aimé dans ce roman de peur de vous spoiler, malheureusement. Néanmoins, je trouve la toute dernière phrase du roman ambiguë, et j'attends le tome 4 avec impatience :-)

Ce roman sera disponible en français le 02 mars 2016 aux éditions Grasset sous le nom de La carrière du Mal ;-)

mercredi 3 février 2016

Millenium 4: ce qui ne me tue pas, David Lagercrantz

Traduction: Hehe Roel-Rousson
Publication: août 2015
Edition: Actes Sud, actes noirs

L'histoire: Un scientifique, ex-mari d'une célébrité en couple avec un acteur, se fait tuer de nuit, alors que Michael Blomkvist devait se rendre chez lui. Il n'y a aucun témoin, sauf le fils du scientifique, un petit garçon. Malheureusement, l'enfant est atteint d'autisme, et ne prononce aucun mot. En revanche, il a une mémoire visuelle, photographique et numérique absolument incroyable. Blomkvist, journaliste à Millenium et présent peu de temps après le drame sur la scène du crime, s'empare de l'affaire et recontacte après des années son amie Lisbeth Salander, geek invétérée et pirate informatique phénoménale (voire dangereuse... pour les méchants!), qui pourrait bien lui être d'une aide précieuse pour cette enquête. Le duo, dans la recherche du meurtrier, vont risquer leur propre vie pour protéger le petit garçon qui pourrait être la clé du mystère.


Mon avis: Dès que j'ai appris qu'il y aurait une suite à la trilogie originale de Stieg Larsson, comme beaucoup de gens, j'ai eu quelques doutes quant à la qualité de ce que David Lagercrantz allait nous offrir. Tout ce que j'avais entendu parler de lui, c'était la biographie de Ibra -que je n'ai pas lue- et ça ne me donnait pas franchement envie...
Millenium 4 est sortie le 27 août, je ne me suis pas ruée dessus, je l'avoue. En plus, il y a avait pas mal d'articles qui en disaient déjà du mal, voire qui appelaient au boycott du roman...
Une semaine après, mon chéri me l'offrait, donc je l'ai lu. Et franchement, je ne regrette pas.
OK, j'ai trouvé le début un petit peu long. On a le scientifique d'un côté, qui a ses problèmes conjugaux et qui récupère son fils. De l'autre, on a Michael Blomkvist, qui joue vraiment au journaliste d'investigation. Enfin seulement, on a Lisbeth, qui met du temps à arriver. Je trouve que l'action ne commence vraiment qu'au milieu du roman.
Par contre, ensuite, tout s'enchaine, pour notre plus grand plaisir. Alors oui, c'est encore une enquête, rien de neuf, avec Michael sur le terrain et Lisbeth derrière un écran, et qui finit par prendre cher. Ca ressemble aux premiers tomes? Bah oui! Lagercrantz respecte bien l'esprit de la trilogie originale, il connaît les personnages (même si du coup, il y a de la redite pour les lecteurs qui ont encore tous les éléments des premiers tomes en tête), et sait mener son enquête. Très clairement, dès que j'ai senti qu'il y avait de l'action, je n'ai pas pu poser mon livre. Je voulais savoir, j'étais impatiente de lire ce qui allait arriver ensuite. Et je n'ai pas été déçue.
Ce que j'ai aussi apprécié dans ce roman, c'est la partie geek. Bravo à Lagercrantz, qui a quand même du comprendre le fonctionnement des trous noirs, des courbes élliptiques et des factorisations en nombres premiers (OK, on l'a peut-être un peu aidé... mais c'est cool!). Je me répète, mais on retrouve vraiment l'esprit geek de la série Millenium. Et il nous apprend aussi beaucoup de choses sur l'autisme...

Donc, ne le dénigrez pas, il vaut le coup :)

mardi 2 février 2016

Dortoirs interdits, Serge Brussolo

Publication: 10 novembre 2010
Edition: pocket

L'histoire: Mickie Katz est une jeune décoratrice, employée par l'agence 13, qui se fait embaucher pour remettre en état un bunker. Jusque là, tout va bien. Sauf que son employeur est un milliardaire obsédé par la menace d'une troisième guerre mondiale, qui serait un holocauste nucléaire selon lui... Elle doit donc faire de cet abris de la seconde guerre mondiale un hôtel cinq étoiles pour le milliardaire, sa femme, ses filles et ses employés, de vrais soldats. Mais des événements étranges se produisent: d'où viennent ces ombres dans les couloirs, ces bruits de pleurs? Que manigance le père, qui se donne pour mission de repeupler la planète après l'éventuelle catastrophe, entre ses filles et ses soldats?


Avis: J'ai découvert Brussolo ado, avec la série des Peggy Sue, et j'avoue que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec un roman pour adultes. C'est en fait un roman qui se lit très vite, mais qui ne m'a pas forcément fascinée, pour une raison surtout.
Comme vous le savez, j'ai pris pas mal de retard dans mes articles depuis quelques mois, donc j'ai lu ce roman en novembre. En fait, j'ai commencé ce roman le vendredi 13 novembre, et n'avais pas forcément la tête à la lecture pour la suite du roman, donc je ne suis pas objective, et si je devais relire Dortoirs Interdits, je l'apprécierai peut-être plus à tête reposée. Avec les attentats, la crainte d'avoir perdu un ami au Bataclan (il va bien), et les élèves qui avaient même peur de prendre le bus par la suite, j'étais plus concentrée sur les infos, comme beaucoup de monde je pense.
Cette lecture, du coup, m'a dérangée. Quand vous êtes branché H24 sur BFM, que des têtes "pensantes" se préparent à affronter une nouvelle guerre mondiale, la fiction fait vraiment trop écho à la réalité. Clairement, j'ai badé, et me suis fait plein de films en me disant que nous aussi, il fallait nous préparer au pire... Mais comme dirait mon pote qui travaille dans un hôtel Disney (encore une bonne actu...), "on ne va pas psychoter :)"
J'ai bien aimé le style de Brussolo, même s'il n'est pas vraiment original, il est direct, ce qui est en accord avec le côté directif et militaire de l'un des principaux protagonistes.
Ce roman est le premier tome de la série "Agence 13" qui compte deux autres romans: Ceux d'en Bas et Le chat aux yeux jaunes. Si j'ai l'occasion de les lire, pourquoi pas, mais je ne vais pas me ruer chez mon libraire pour connaître absolument la suite des aventures de Mickie.